Tell me I'm frozen but what can I do? • Elsa

  La température chutait graduellement tandis qu'Elsa enfouissait la tête dans ses bras. Le couvre-lit sur lequel elle était allongée se couvrait de givre, et des flocons épars tombaient autour d'elle. Et la jeune fille se sentait suffoquer. Elle ne parvenait plus à respirer, et ses pensées allaient trop vite pour elle. Sa tristesse était telle que son coeur en était presque douloureux, et elle se sentait complètement vide.
  Comment aurait-il pu en être autrement alors qu'elle venait de perdre ses parents ? Ils étaient les personnes dont elle était le plus proche. Ils étaient ses uniques alliés face au monde extérieur ; et face à elle-même. Les seuls au courant de son don, et les seuls qui parvenaient à la calmer lorsqu'elle ne parvenait plus à se contrôler. Ils avaient fait en sorte que leur fille ne pût causer de torts à personne, et s'étaient assuré que l'incident avec sa sœur ne pût jamais se reproduire. Anna avait donc été en sécurité durant la dizaine d'années qui s'était écoulée. Mais qu'en serait-il maintenant que sa seule réelle frontière avec le monde extérieur avait disparu ? Qu'allait devenir Elsa ? Elle avait beau être devenue une adulte depuis plusieurs années, elle ne savait toujours pas contrôler ses pouvoirs, qui pouvaient se révéler lors de ses moindres changements d'humeur.
  Mais surtout, surtout, Elsa se sentait terriblement seule. Cela faisait plus de dix années que la princesse était enfermée dans sa chambre, avec pour seule visite ses parents. Elle ne pouvait sortir du château, dont les portes avaient été fermées depuis l'incident, et encore moins de sa chambre. Il ne fallait en aucun cas qu'elle se retrouvât en compagnie de sa jeune sœur Anna. Il fallait qu'elle maintînt la distance entre elles afin qu'elle ne pût la blesser à nouveau. Jamais elle ne pourrait se pardonner s'il lui arrivait encore quelque chose par sa faute.
  C'était cette solitude insupportable qui lui rendait la vie difficile. Cette solitude la faisait se questionner sur l'intérêt d'une vie aussi isolée et sans saveur. Elle passait ses journées à faire des aller-retours entre son lit et son bureau, à profiter du seul plaisir qu'elle avait en ce monde : le dessin. La jeune femme remplissait des carnets entiers de croquis aux lignes sophistiquées. Mais ce petit plaisir ne suffisait point à la rendre heureuse. Il suffisait qu'elle contemplât ses mains gantées pour se rappeler qu'elle n'aurait jamais la possibilité de voir le monde extérieur.
  Et maintenant que ses parents étaient morts, elle allait devoir accomplir une tâche insurmontable : la régence d'un royaume. Et elle allait devoir le faire seule.


  Il régnait un silence solennel dans la petite chapelle lorsqu'Elsa s'approcha de l'autel afin de prendre les objets de pouvoir. Ils représentaient toute la royauté, et le simple fait de les prendre lui conférerait le titre de Reine du royaume. La jeune femme avait toujours su que viendrait un jour où elle devrait monter sur le trône ; seulement, elle ne s'était pas attendu à ce que cela fût si tôt. Elle s'était imaginé qu'elle aurait été formée par l'expérience à ce moment-là, qu'elle aurait acquis une sagesse que seul le passage des ans et les épreuves de la vie pouvaient offrir. À la place, c'était en étant jeune et ayant été confinée dans sa chambre une bonne partie de sa vie qu'elle devenait reine.
  C'était avec appréhension qu'Elsa s'approchait des objets de pouvoir. Elle se sentait nauséeuse, et les regards des centaines de personnes qu'elle sentait posés sur elle n'arrangeait rien. Elle angoissait terriblement à l'idée de devoir diriger un royaume entier seule, avec très peu d'expérience et des pouvoirs qu'elle ne contrôlait pas et devrait cacher à tout prix. Elle doutait pouvoir faire une bonne Reine. Elle ne connaissait même pas son peuple, ni son gouvernement qu'elle côtoierait très souvent. Elle ne se sentait pas prête pour une telle épreuve.
  Avec une boule dans la gorge, elle ôta ses gants sous l'œil attentif du prêtre. Elle s'empara du sceptre et de [l'objet rond avec un truc au sommet, si quelqu'un connaît le nom, je suis preneuse] , tièdes contre sa peau, et fit face à son peuple et tous ses invités. Être sans gants lui laissait une impression désagréable, et elle serra les dents lorsqu'elle sentit les lourds objets commencer à se couvrir de givre. Le sermon du prêtre s'éternisait, et ils allaient finir complètement givrés s'il ne finissait pas rapidement. La jeune femme les posa alors précipitamment sur leur coussin, surprenant le religieux, et remit rapidement ses gants. Le vieil homme acheva son discours, et ses invités se levèrent pour l'acclamer.
  Avec un soupir imperceptible, elle réalisa alors qu'elle était à présent Reine.



  Les regards des invités se fixaient sur les deux sœurs tandis que la voix d'Anna montait. Elsa la suppliait de lui rendre son gant, qui lui avait été pris quelques minutes plus tôt alors qu'elle s'apprêtait à quitter la fête. Elle avait simplement refusé d'accorder sa bénédiction au projet de mariage de sa sœur avec un homme qu'elle avait rencontré quelques heures plus tôt, et Anna lui en voulait. Donc elle refusait de lui rendre son gant. Elle lui criait qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle agissait ainsi avec le monde extérieur. Elle ne comprenait pas pourquoi elle refusait de se laisser approcher. Et elle voulait savoir ce qu'elle lui avait fait pour mériter ce traitement. Pendant ce temps-là, Elsa se sentait perdre le contrôle sur ses émotions. La colère la submergeait, et elle ne savait pas comment retrouver son calme. Elle craignait le pire, qui arriva finalement. Un dernier reproche d'Anna, un geste brusque d'Elsa, et ses pouvoirs se déclenchèrent. Une barrière de glace menaçante se dressait entre ses invités et elle. La jeune Reine contempla avec horreur ce qu'elle avait fait, tandis que ses invités et sa sœur la dévisageaient, bouche-bée. Le duc murmura même "sorcellerie !", et cela la convainquit de quitter le plus vite possible le château. Elle s'élança dans le couloir et se mit à courir, laissant libre cours à ses émotions. La colère, la panique et la tristesse se bousculaient, et elle ne ferait rien pour les contrôler. Il était trop tard. Sa course se poursuivit dans le château, et elle atteignit la grande porte. La cour du château était pleine de monde. La nouvelle reine tenta de dépasser la foule en zigzagant entre ses sujets qui la félicitaient, et ils la forcèrent à utiliser ses pouvoirs. Elle attaqua même le duc sans le vouloir. Il se mit alors à la traiter de monstre. Mais pensait-il pouvoir l'atteindre ainsi ? Elle se considérait déjà comme tel depuis bien longtemps.
  La fuite était devenue son unique solution, et elle dépassa ses sujets horrifiés. Elle courut jusqu'au lac, et il commençait à neiger. Elle posa un pied sur l'eau, qui se mit à geler instantanément, et entreprit de traverser le lac, sans un dernier regard vers son royaume, qu'elle plongeait sans le vouloir dans un hiver éternel. Mais il fallait qu'elle mît le plus de distance entre lui et elle, d'où le fait qu'Elsa ne s'arrêta pas de courir. Et se rendit jusque dans les montagnes, et souhaita de tout son coeur s'éloigner d'Arendelle, de cette ville dont elle était emprisonnée depuis si longtemps. Elle voulait commencer une nouvelle vie, libre de décider de ce qu'elle allait en faire, et libérée de cette histoire qu'elle était forcée de revivre.

Tu mérites que je te dispute. Ta fiche est vraiment très bien, et très agréable à lire. Je dois bien avouer que ça fait bizarre de te voir jouer un personnage féminin, et que j'espère qu'Elsa te plaira !  

Passons maintenant aux choses sérieuses. Tu peux maintenant te faire des amis, trouver des gens avec qui discuter, et, surtout, et ça c'est ton devoir, aller voter. Parce que je sais à quel point tu aimes le forum et que tu nous aimes. Et, quand tu auras fait tout ça. Mais seulement après. Tu pourras aller te détendre.